Un géant s'en va...Youcef Chahine.
Un géant s'en va...Youcef Chahine.
Youssef Chahine est décédé dimanche à l'aube un l'hôpital militaire dans la banlieue du Caire, après avoir passé six semaines dans le coma à la suite d'une hémorragie cérébrale. Les hommages ont afflué à l'annonce de la mort de "l'un des cinéastes les plus importants du monde". En France, le président Nicolas Sarkozy a salué "un fervent défenseur de la liberté d'expression" qui a "cherché, tout au long de sa vie, à travers l'image, à dénoncer la censure, le fanatisme et l'intégrisme".
Né en 1926, le réalisateur, scénariste et producteur, avait obtenu en 1997 le Prix du cinquantième anniversaire du Festival de Cannes pour l'ensemble de son œuvre.
Ses armes ? Sa caméra, ses scénarii et ses déclarations intransigeantes. « Le cinéaste que je suis ne peut rester indifférent aux problèmes qui l'entourent. Je refuse d'être un amuseur. Témoin de mon temps, mon devoir est d'interroger, de réfléchir, d'informer», il déclara même un jour être habité par l'envie de changer le monde. Au-delà de leur valeur artistique, ses films seront des traités prônant
la liberté, l'ouverture et la tolérance. Dans son long métrage «L'Aube d'un jour nouveau» (1964), c'est un portrait critique qu'il brosse de l'intellectuel et de son rôle dans la société. On retrouve le même regard critique dans «Le Choix» (1970) dans lequel il analyse la société égyptienne. L'affairisme est épinglé par le réalisateur turbulent dans son opus «Le Moineau» (1973). Dans l'inoubliable «Bab al-Hadid» (1958), le public découvrira un autre visage de Youssef Chahine. Et puisque c'est un sentimental, la nostalgie serait l'une de ses inspirations. Revisitant l'histoire à plusieurs reprises, il donne le jour en 1963 à «Saladin». Un film hommage à cette grande figure de
l'histoire de l'Islam. «Adieu Bonaparte», sorti en 1985, raconte avec émotion un pan de l'histoire moderne de l'Egypte, le pays qui a tellement inspiré ce «Fils du Nil». Un amour sans limites poussé à
l'extrême qui va valoir à notre réalisateur-provocateur, un séjour en prison, en 1984. N'acceptant pas des décisions jugées aléatoires, il diffuse tout de même un film interdit par la censure.
Une vie bien mouvementée que Youssef Chahine va éterniser à travers sa trilogie autobiographique. Il commence cette «mise à nu», en 1978, avec «Alexandrie pourquoi ?». Il y revisite l'univers de sa jeunesse en Egypte. Un beau travail qui sera bien récompensé à Berlin avec le Grand Prix du jury et un Ours d'argent. Le deuxième volet serait «Alexandrie encore et toujours» (1989) et le troisième «Alexandrie... New York».
Son passé en Egypte, ses souvenirs et ses rapports avec les États-Unis tout y est. Son pamphlet «Le Destin» réalisé en 1997 est une pure dénonciation du fanatisme. Une belle confirmation de ses idées et de ses positions habituelles. Le succès est au rendez-vous et le film présenté à Cannes la même année remporte le Prix du cinquantième anniversaire. Un parcours atypique plein de créativité, de consécrations et d'engagement. Le chef d'œuvre «Le Chaos» sera son ultime empreinte marquante sur le cinéma égyptien et international. Un grand homme s'en est allé, un géant s'en va... Adieu Youcef Chahine.
Charlestone- Lieutnant
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