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L'actualité Autrement Vue : Géorgie-Russie

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Message  setamir Mar 19 Aoû - 20:16

Le Quotidien d'Oran
par Aïssa Hirèche

L'actualité Autrement Vue
Géorgie-Russie : la quatrième hypothèse
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En Géorgie, l'Europe et les Etats-Unis ont joué et perdu. A voir de plus près, on peut même dire qu'ils ont énormément perdu, alors même qu'ils n'ont matériellement rien misé ou presque.



La partie, commencée bien avant Michael Gorbatchev, avait d'abord rapporté gros sous ce dernier (effondrement de l'URSS, chute du mur de Berlin, éclatement du bloc communiste etc...) et, chaque fois, la main visible de l'Occident était là, sinon brutale et inhumaine (les cadavres de Timisoara), du moins sournoise et perfide (la révolution orange).

Un peu d'histoire récente

Les vrais desseins du soutien Occidental aux ex-Républiques de l'ex-URSS sont, bien entendu, à chercher ailleurs que dans le pack, trop douteux, des droits de l'Homme et des libertés. Les appellations pompeuses de « démocraties » et les bons points distribués aux soi-disant « démocrates » ne trompent personne du moment que cela a servi uniquement à des régimes des plus improbables et des plus hasardeux à se mettre en place et à se maintenir, le temps de dégoûter le monde de la politique et de ce qui lui ressemble.

Que ce soit en Russie, en Pologne, en Roumanie ou ailleurs, et à de très rares exceptions, la mode était à la destruction et à la sape à partir du haut. De ceux qui, brûlant toutes les étapes de la maturité humaine, s'en allaient criblés de dettes sans raison apparente, à ceux qui, sous l'emprise d'un plaisir déplacé et d'envies blâmables, tentaient, des nuits entières, de tenir debout sur un seul pied comme si les hautes missions d'un Etat, des plus puissants au monde, consistaient à danser en attendant la prochaine fin du monde.

L'odeur de l'Occident était forte, trop forte même, et sa main clairement visible à un moment où, emportée par son propre poids, la Russie blessée, estropiée, débaptisée, roulait vers le fond de manière aussi navrée que navrante. Les nouvelles capitales multipliaient leurs demandes pour joindre l'Otan, le rouble touchait le sol, le dollar procédait à la levée de son propre drapeau sur la Place rouge, les pénuries frappaient aveuglément, le chaos s'installait rapidement, des guerres commandées aux frontières étaient toujours accompagnées par des unes douteuses des médias français, américains, anglais et autres. D'ailleurs, on se demande encore aujourd'hui comment les Russes n'étaient pas conviés à un repentir collectif pour avoir été les citoyens de cet Etat - ennemi d'hier.

Un peu d'histoire plus récente

On peut être d'accord ou pas avec Poutine, là n'est pas la question. L'essentiel est qu'il a été derrière le redressement impressionnant de son pays qu'il a fait revenir avec force et vigueur, au devant de la scène internationale. C'est ce qui ne plaît pas à une certaine partie de ce monde, ceux qui se sont toujours autoproclamés détenteurs originels, non seulement des valeurs universelles, mais aussi de la vérité absolue. Ce n'est pas étonnant du moment que le libéralisme a toujours pris appui sur des idées aussi peu convaincantes.

La forme de la Russie peut se mesurer au fait qu'elle constitue, avec trois autres pays, le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), c'est à dire les économies les plus fortes du moment. Avec leurs taux de croissance élevés et soutenus, ce sont les pays qui tirent depuis quelque temps déjà la croissance mondiale.

Ce retour en force n'est pas sans déplaire à certaines capitales qui, en dépit de tout ce qu'elles avaient fait, n'arrivent pas à faire plier le genou à la Russie. Une Russie qui se permettra désormais d'aller même taquiner Etats-Unis et Europe sur des terrains des plus sensibles.

C'est en plein milieu de la grande gesticulation mondiale menée par les Américains contre l'Iran, que les Russes vont se permettre d'approvisionner Téhéran en uranium et se positionner, avec les Chinois, contre les sanctions à l'égard de ce pays. Par ailleurs, insensible, aux appels de Bruxelles, Moscou imposera sa loi quant aux prix et approvisionnements en gaz. Certains pays ont eu le temps d'en apprécier la rigueur, à leur dépend, bien sûr.

La Russie revient donc et c'est pour cela qu'elle dérange, à plus d'un titre d'ailleurs, un Occident qui voulait tout rafler sans avoir à miser quoi que ce soit. Un Occident « libéraliste », carrément porté sur la mono polarisation du monde tant que seules ses valeurs font acte de présence sur les étals effrités de la morale des hommes.

Parce qu'il sait qu'il n'y a aucune comparaison à soutenir entre les forces géorgiennes et celle du voisin russe, Mikhaïl Saakachvili, ne nous trompons pas, n'aurait jamais eu l'idée de mettre le feu à la mèche du conflit dans la province indépendantiste d'Ossétie du Sud, en Géorgie, s'il n'avait pas, auparavant, reçu des assurances de ses « amis ».

Mais pourquoi le président georgien aurait-il alors été abandonné après ?

La quatrième hypothèse

Ce n'est pas la première fois que cela arrive en tout cas. Saddam aussi avait été encouragé par ses amis américains à envahir le Koweït, avant que ceux-ci se retournassent contre lui !

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées. La première est que les amis Occidentaux ne s'attendaient pas à une réaction d'une telle violence à l'encontre de leur « protégé ». Une seconde hypothèse consiste à croire, qu'Américains et Européens voulaient tester de la capacité de réaction des Russes, hypothèse peu vraisemblable. La troisième hypothèse serait que la Russie soit volontairement attirée dans un conflit qui devrait « l'occuper » longtemps, afin de laisser les mains libres aux Américains dans le dossier iranien, ce qui ne peut se réaliser sans la complicité de plusieurs parties. Mais cette idée aussi demeure très peu probable.

En tout cas, et quelle que soit la réalité des dessous des cartes, il est une vérité qui risque de ne pas plaire aux Américains et aux Européens : cette guerre avec les Géorgiens est une occasion pour les Russes de reprendre leur rôle dans la région. Qui a donné cette occasion ? Et si c'étaient les Russes eux-mêmes qui, par des voies détournées, avaient poussé Saakachvili à l'erreur, exactement comme firent les Américains avec Saddam la veille d'une invasion du Koweït voisin... Cette quatrième hypothèse n'est pas à écarter d'autant plus qu'elle sert trois objectifs des plus importants stratégiquement :

Primo, cela rendrait le président géorgien coupable aux yeux de son peuple d'avoir provoqué une guerre inutile et perdue d'avance, ce qui anéantirait tous les soutiens internes de Saakachvili lorsque viendra le moment de l'écartement. D'ailleurs, il lui est reproché actuellement, aussi bien par l'opposition que par ses propres alliés au pouvoir, d'avoir été à l'origine de la guerre.

Secundo, la Russie aura toute la latitude de remplacer l'actuel président géorgien par un autre, moins proche des Occidentaux. Ces deux objectifs, politiques au plus haut degré, une fois réalisés permettront aux Russes de mieux souffler et de se consacrer à autre chose.

Tertio, le territoire de l'Ossétie du Sud ne servira pas à contrecarrer les objectifs économiques (et autres) des Russes, du moment qu'il ne verra pas le passage de canalisations autres que celles décidées par les Russes eux-mêmes.

Si telle est l'hypothèse qu'il faut retenir (et elle semble la plus probable, pour l'instant), alors on comprend mieux pourquoi les Européens s'agitent plus que les Américains. En effet, les déclarations et les appels de Sarkozy, en tant que président en exercice de l'Union européenne, s'inscrivent dans la perspective que la venue d'un autre régime, que celui en place actuellement en Géorgie, signifie tout simplement le début d'un nouveau diktat, indiscutablement puissant, des Russes en Europe. Un pas qui, sommes toutes, ne semble pas tarder à être franchi.

Dans ce conflit tellement déséquilibré, et alors que le premier gagnant seraient les services russes pour avoir attiré les Géorgiens dans un tel piège, le premier perdant serait l'Europe, bien sûr. Les Américains, quant à eux, tournés vers des élections prochaines et regardant les innombrables problèmes créés par l'administration Bush, n'ont ni le temps ni la capacité de s'immiscer dans une telle affaire, sinon comment expliquer que d'un côté, ils condamnent le désir russe de faire tomber le régime de Tbilissi et que, d'un autre côté, ils soient d'accord, en même temps, que Saakachvili dépose sa démission ? Si cela n'est pas un signe de fatigue !!
setamir
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